Son histoire

Notre histoire

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Comme en atteste ci-contre le bulletin n° 8 de 1954, l’Amicale peut célébrer cette année son 86ème anniversaire.

Elle fut en effet fondée par quelques anciens qui s’étaient proposé d’entretenir les liens de camaraderie nouées sur les bancs de l’école.

Aussi loin que l’on puisse remonter dans les archives, on s’aperçoit de la difficulté rencontrée par les anciens comitards pour fixer l’âge de notre association. S’il est aisé de retrouver sa constitution en ASBL – en 1947 – une plongée en apnée dans les premiers bulletins (n° 1 – 1947 également) nous permet de constater dès les premiers numéros une valse-hésitation qui se répercute d’année en année jusqu’en 1954. Là, les échos sont formels : l’Amicale a 25 ans !

Pour autant qu’il est vrai que n’ont d’avenir que ceux qui n’oublient pas le passé, il nous a paru à la fois utile et intéressant d’en rappeler la genèse et les souvenirs de ses héros. Laissons au Président Henri MEURET le soin de nous conter par le menu les cinq premiers lustres de son histoire.

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Ecole moyenne des garçons, rue d’Enghien, 1924.

A l’initiative de quelques anciens, nous dirons même très anciens élèves qui avaient conservé vivace au fond de leurs cœurs un bon souvenir de leur école, une réunion fut tenue dans une salle du premier étage du café « SUIKERS » un soir de 1929 aux fins de jeter les bases d’une association d’anciens élèves de l’Ecole Moyenne de l’Etat.

Nombreux furent ceux qui répondirent à l’appel des organisateurs. Nous citerons au hasard MM. Oswald FERBUS, Max MAUROY, Jules PECHER, Victor DASIN, Gaston GOREZ, Arthur SUIKERS, Pierre VANDER SCHUERE, Edmond DELATTE, Victoire DEGREVE, Henri MEURET et d’autres encore.

Une nouvelle réunion fut organisée quelques semaines plus tard, cette fois à l’Ecole Moyenne dans l’ancienne salle de physique qui, nous en sommes sûrs, est encore présente dans la mémoire de beaucoup d’entre nous.

Les statuts furent élaborés avec la collaboration précieuse de Mr le Directeur VAN KERKHOVE et un comité fut désigné avec M. Oswald FERBUS comme président. L’Association des Anciens Elèves de l’Ecole Moyenne de l’Etat à Soignies était née.

Les débuts furent assez difficiles et durant quelques années, l’association connut une existence peu spectaculaire.

Sous l’égide de M. Albert BRICHART, qui avait succédé à la présidence à M. FERBUS, le comité qui avait été rajeuni, décida d’organiser chaque année un bal des « Anciens ».

C’est ainsi que notre premier bal eut lieu au cinéma « CAMEO » la veille de la Saint-Nicolas de l’année 1934, si nos souvenirs sont exacts.

Malgré nos appréhensions, il remporta un grand succès. D’autres suivirent à « L’HOTEL MODERN » et finalement à l’Athénée même, lorsque nous pûmes disposer de la Salle des Fêtes. (…)

En 1945, à l’initiative de jeunes recrues parmi lesquelles nous voyons nos sympathiques amis Raoul DUFOUR , Léon DEBLANDER, Arthur URBAIN que rejoignirent leurs aînés Victor DASIN et notre regretté Armand LELEUX, un nouveau comité fut désigné avec M. Albert FRANCOIS comme président.

L’Association devenue l’Amicale des Anciens Elèves de l’Athénée Royal et de l’Ecole Moyenne prit un nouvel essor, comme d’ailleurs l’Athénée lui-même sous l’énergique impulsion de M. le Préfet RUCHARD et du nouveau et dynamique Président.

C’est à ce moment que nous nous sommes assignés pour tâche de constituer un service de prêt de livres scolaires, accessible sans distinction de condition à tous les élèves de l’Athénée ». (…)

Le Président MEURET termine sa présentation par quelques chiffres qui donnent une idée de la vitalité d’alors. Aussi, c’est à un témoin, acteur direct de cette époque que nous laissons maintenant la parole. Il évoquait ses souvenirs dans la livraison 35 de l’année 1983, il y a vingt ans déjà …

« C’est sous la présidence de M. Albert FRANCOIS que j’ai rempli les fonctions de secrétaire.

L’ambiance y était formidable ! Je me souviens notamment des fameux bals d’après-guerre où les anciens, les professeurs, les parents d’élèves et les amis de l’Athénée venaient en rangs serrés. C’était le « Grand Event » local ; il n’y avait pas de place pour tout le monde. Cela se terminait toujours vers les cinq ou six heures du matin et, quand le public était parti, les membres du comité s’asseyaient en rond au milieu de la piste, parmi les serpentins, les cartons de bière et les confettis, et se mettaient au travail : compter la recette et faire le bilan de la soirée … jusqu’au dernier franc. Et malgré la fatigue, personne ne manquait à l’appel.

Le climat, au sein du comité, était remarquable de camaraderie et d’entente. On savait travailler comme aussi s’amuser. Ainsi, il y a un événement que je ne suis pas près d’oublier : mon vingtième anniversaire. Le Comité, président en tête comme il se doit, avait décidé de fêter cette date mémorable. D’un commun accord, on décida d’aller boire le verre d’amitié chez Fernand BAISE, célèbre bistrotier de la Place Verte où la bière était excellente. Le choix du breuvage tomba sur un non moins célèbre cru de l’époque « l’ATOMIC ». Inutile de vous décrire la suite : ce fut catastrophique. Mais le Comité faisait bloc : ils me ramenèrent… devant ma porte… me laissant le soin d’affronter, seul, la famille réunie au grand complet pour la circonstance – mon anniversaire ! – qui n’eut qu’à constater avec regret et désapprobation, le pitoyable état dans lequel je me trouvais ».

Depuis lors, M. Raoul DUFOUR, malgré ses nombreuses occupations, a accepté de rejoindre le Comité d’honneur. Fidèle aux assemblées générales, il reste très attentif à toutes les activités.

Une réflexion m’est venue … Si l’exacte ancienneté de notre Amicale a échappé à plus d’un au cours des dernières décennies, c’est peut-être parce qu’aucun Ancien n’a gardé le souvenir d’en avoir célébré les 50 ANS, le jubilé par excellence. Et pour cause … Une raison et non des moindres a éclipsé ce qui aurait pu être un véritable feu d’artifice couronnant l’activité de l’Amicale.

A la veille de fêter ce jubilé, le 29 octobre 1978, la vie de l’Amicale était marquée d’une pierre noire : son Président M. Walter PADUART quittait prématurément famille et amis, terrassé brutalement par la maladie, emporté par un destin aveugle. Il laissait un Comité totalement désemparé.

Ils n’avaient pas leur pareil pour organiser le Bal de l’Athénée : MM. Walter PADUART, président, Roger ANDRE, Arthur URBAIN, Ferdinand VANDESCUREN, Fernand DELMOTTE, Bernard MARBAIS, Arthur DUBOIS et Roger LEGRAND.
Ils n’avaient pas leur pareil pour organiser le Bal de l’Athénée :
MM. Walter PADUART, président, Roger ANDRE, Arthur URBAIN, Ferdinand VANDESCUREN, Fernand DELMOTTE, Bernard MARBAIS, Arthur DUBOIS et Roger LEGRAND.

Pendant un quart de siècle, il avait partagé les projets de l’association. Rejoignant le Comité dès 1953, très vite il allait assurer les fonctions de secrétaire-trésorier. Son dévouement et son talent lui vaudront en 1960 d’accéder à la présidence où il pourra exprimer de façon éclatante toutes les ressources de son intelligence et de son cœur.

Cet événement aussi brutal qu’inattendu allait plonger le comité dans une certaine torpeur dans la mesure où aucune relève n’avait été préparée, bien évidemment. Comme renaissante à la sortie de l’hiver, le 2 mars 1979, l’a.s.b.l. tint une assemblée générale qui eut aussitôt à cœur de se donner un nouveau comité. C’était chose faite à l’issue de l’A.G. et le commandement du vaisseau fut confié à un Ancien de la promotion 1937, le Colonel M. Paul CLAUSSE.

Afin de poursuivre résolument l’action dans la voie tracée, avec la ferme intention de veiller aux intérêts de l’Athénée et de son Amicale, la devise proposée à tous était claire : « UN POUR TOUS, TOUS POUR UN ! »

« Le Colonel » comme d’aucuns l’appellent allait tenir la barre durant une décennie complète, n’abandonnant le commandement que contraint et forcé par les consignes de prudence et de ménagement du corps médical.

M. Paul « Le Colonel » CLAUSSE
M. Paul « Le Colonel » CLAUSSE

M. Roger LECOMTE, son successeur, soulignera : « Cette démission laisse dans nos rangs un vide qui sera difficile à combler, tant M. CLAUSSE a investi de sa personne et de son temps dans l’exercice de son mandat. Sans cesse sur la brèche, avec son dynamisme, ses idées novatrices, sa grande culture littéraire et historique, il aura été pendant ces dix dernières années le moteur de l’Amicale ».

(Bulletin 41 – 1991)

 


 

L’interview du président

 

Nous avons rencontré celui que l’Amicale a promu depuis lors Président d’honneur de l’association pour partager avec lui des souvenirs glanés tout au long de sa continuelle présence au cœur de l’association. Toujours très actif et malgré ses nombreuses activités en tant que Président des Associations Patriotiques sonégiennes qui viennent de commémorer les 60 ans de la Bataille des Ardennes, il a accepté de répondre obligeamment à nos questions.

Vous avez toujours eu à cœur d’être présent à l’Athénée pour la journée des retrouvailles. Vous figurez même parmi les plus fidèles vétérans de l’Amicale. Tout au long de votre vie, qu’a pu représenter pour vous cette journée des Anciens ?

La journée des Anciens est incontestablement, comme l’était le Bal de l’Athénée, l’occasion exceptionnelle de se retrouver entre amis. Les amitiés qui se sont forgées et développées dans le milieu scolaire sont très souvent plus solides que celles nées en d’autres circonstances, même si la fréquence de semblables « retrouvailles » est parfois assez faible. Notre année – la rhéto ’37 – a bénéficié de facteurs divers, les uns tragiques – la guerre –, les autres favorables : le peu d’éloignement les uns des autres. Mais, par-dessus tout, c’est la fidélité qui a présidé à nos nombreuses réunions et qui reste toujours : fidélité à notre école et fidélité à notre amitié d’adolescents.

Formé à l’Athénée, en section scientifique, vous avez embrassé la carrière militaire. Quand et comment est née cette vocation ?

Comme tant d’autres de ma génération, j’ai été élevé dans un milieu qualifié « d’anciens combattants ». A l’époque et encore maintenant, l’Ecole Royale Militaire avait une réputation telle que nombreux étaient ceux qui, ayant terminé leurs humanités, se présentaient à l’examen d’entrée de cette grande école. De nombreux établissements scolaires préparaient d’ailleurs les candidats à ce concours, ainsi Malonne, Saint-Louis, etc. Je fus donc l’un de ces candidats. Et c’est ainsi que je fis le choix de la carrière militaire, en 1938, après avoir d’abord passé – et réussi – l’examen d’entrée à l’école de Pilotage de l’Aéronautique Militaire.

A la fin des années ‘70, vous est confiée la lourde tâche de succéder à M. Walter PADUART brutalement disparu. Quel a été de suite votre souci ?

En acceptant la charge de Président de l’Amicale, quelques mois après le décès de M. Walter PADUART, mon premier souci fut de maintenir la continuité de l’œuvre accomplie pendant près de vingt ans par ce camarade disparu. Renforcer les liens d’amitié entre les Anciens, veiller à la renommée et aux intérêts de l’Athénée, maintenir la solidarité entre les membres, gérer le prêt du livre avec efficacité, participer activement à l’aide sociale au sein de l’établissement, voilà quelques-uns des aspects illustrant cette continuité.

A quelles difficultés particulières avez-vous été confronté au cours de votre présidence. Quels défis avez-vous dû relever ?

Je n’ai pas souvenance d’avoir rencontré des difficultés particulières. Il n’y eut jamais de malentendus, ni a fortiori de conflit, avec la Direction de l’établissement ou le Corps professoral. Le prêt du livre a peut-être nécessité une mise au point au début et le « Rénové » a quelque peu modifié certaines habitudes. Mais ce n’était là que des « défis » mineurs.

C’est sous votre présidence, en 1983, que l’Athénée a reçu le patronyme de Jules Bordet. Comment le scientifique que vous êtes a-t-il accueilli cette initiative ?

L’attribution à l’Athénée de Soignies du patronyme « Jules Bordet » a, non seulement été approuvé, mais recommandé par nous au sein de l’Amicale, bien qu’il existait déjà à cette époque-là un « Athénée Jules Bordet » à Bruxelles. (Ndrl : Comme nous l’évoquions dans le bulletin n° 53 (2003), l’Athénée de Bruxelles – un des premiers de Belgique – a aujourd’hui fusionné avec l’Athénée Leonardo da Vinci et l’assemblée générale extraordinaire de l’Amicale des Anciens de cet établissement vient de voter sa dissolution en 2004).

Nous croyons savoir que c’est vous qui avez tenu à faire figurer sur le bulletin de l’Amicale la devise « Indocti discant » encore conservée aujourd’hui. Pouvez-vous nous éclairer sur votre choix ?

Le texte « Indocti discant et ament meminisse periti » (« Que ceux qui ne savent pas apprennent et que ceux qui savent aiment à se souvenir ») a pour auteur un Président du Parlement de Paris du 18ème siècle. Ayant utilisé cette citation lors d’une journée du souvenir – le 11 novembre 1988 – j’ai trouvé judicieux d’en reprendre le début pour la devise de l’Amicale. Ceci avec l’approbation des membres du Comité, bien entendu.

Quel message souhaiteriez-vous adresser aujourd’hui aux « jeunes » Anciens ?

Eh bien, pour eux , j’utiliserai la deuxième partie de la devise, en paraphrasant sous la forme : « Que ceux qui sont passés par l’Athénée aiment à se souvenir ». Se souvenir d’un établissement scolaire renommé, se souvenir de professeurs de qualité, et enfin, se souvenir des solides amitiés nées dans la belle camaraderie du milieu scolaire. Et, afin de concrétiser ce souhait, j’invite les « jeunes » Anciens à suivre la voie de leurs aînés en demeurant fidèles à leur Amicale, et à participer activement aux divers rendez-vous et rassemblements d’Anciens qu’elle leur propose.

Ce texte est extrait des bulletins n°54 -2004- et n°55 -2005-. Son auteur est notre membre-rédacteur J.-P. LOSFELD.